C’est dans un petit quartier de Paris, en France, que j’ai vu le jour, il y’a vingt-huit ans, d’un père italien et d’une mère française pure souche. Je ne me souviens pas tellement de mon enfance, je sais juste qu’elle était heureuse, sans problème particulier. Mes parents m’avaient inscrit à divers activités comme le dessin, la guitare, le football pour m’aider à trouver très tôt une passion, et je découvrais finalement que ce qui m’intéressait le plus, c’était les voyages et la découverte de nouvelles cultures. Sur le plan scolaire, ça allait aussi, je n’étais pas excellent mais je n’étais pas non plus mauvais, ça dépendait des jours en fait. Sinon, j’avais une petite sœur, Gina, de deux ans ma benjamine. On s’entendait plutôt bien puisque l’écart n’était pas énorme entre nous et à l’époque, on était toujours fourrés ensemble. Notre situation financière était aisée, on ne manquait de rien. D’ailleurs je me souviens que chaque année, comme aujourd’hui encore d’ailleurs, nous nous rendions à Arcachon pour les vacances. C’était LE lieu. Sûrement parce que mes parents se sont rencontrés là-bas… Non franchement, nous étions une famille soudée, le stéréotype même de la famille normale qui organise des piques-niques chaque dimanche et qui se rend au cinéma tous les premiers du mois.

Enfin j’emploie le mot ‘était’ puisque tout s’est bouleversé à l’adolescence, évidemment, période de chamboulements. Non, le problème ne venait pas de moi comparé à ce que l’on pourrait penser, j’étais très correct, j’avais des petites-amies, j’étais de la bande des populaires, j’étais loin d’être un loser et quand je sortais je faisais toujours en sorte de revenir en un seul morceau, avec de bonnes gueules de bois certes, mais au moins ça ne nuisait à personne. Non, notre plan familial s’est détruit lorsque Gina nous a annoncé lors d’une de nos nombreuses réunions de famille, devant un scrabble et un film, qu’elle était bisexuelle. Elle aimait les femmes. Pour nous les Lazio, c’était tout bonnement impossible ! Une femme se doit d’aimer un homme, comme un homme se doit d’aimer une femme ! On vivait trop dans la normalité et pour dire vrai on, enfin mes parents étaient très fermés d’esprit, pour ne pas dire homophobes. Et comme un mouton, moi, j’ai suivi le mouvement et j’ai commencé à renier Gina comme le reste de ma famille le faisait. Je me suis mis à l’insulter, à l’appeler ‘gouine’ et à lancer divers propos susceptibles de la mettre mal à l’aise. Au final, Gina a coupé les ponts avec moi et je ne l’ai plus jamais revue… J’étais con, pas vrai ?

Bon maintenant, passage préféré de ma vie : ma rencontre avec Alexia. Cela remonte à quelques années maintenant. J’étais pleinement plongé dans mes études. Quand je l’ai vu, je n’aurais jamais pensé qu’elle serait la femme de ma vie, et aujourd’hui je suis tout simplement dingue d’elle. Je suis tellement amoureux d’elle que je pourrais faire n’importe quoi pour elle. Ouais ça peut paraître guimauve, mais pourtant c’est bien la réalité, cette histoire de papillons dans le ventre ou du cœur qui bat la chamade quand on rencontre son ame-sœur. C’est exactement ce qui se passe quand je suis avec elle. On est si liés, si soudés… Franchement j’aurais jamais pensé qu’une femme puisse me faire un effet pareil. Je croyais en l’amour oui mais pas à ce point-là. Quand je me réveille la première chose que j’ai envie de voir c’est son visage et quand je m’endors, c’est pareil, c’est son corps à elle que je veux contre le mien. Mais nous n’étions pas un couple ordinaire, ah, ça non. Toujours à se chamailler et à se prendre la tête pour un oui ou pour non mais c’est tout le charme de notre couple, et c’est ce qui explique notre si grande complicité !

On continuait ainsi durant plusieurs années, et enfin, je l’emmenais avec moi à Arcachon, au Lagon Bleu pour des vacances. Bien sûr, j’avais une idée concrète dans la tête : ces vacances n’étaient qu’un prétexte pour lui demander sa main. J’avais joué le jeu, j’avais récolté nombreuses informations auprès de ses amies pour lui offrir un mariage parfait, celui dont elle a toujours rêvé. Mon but à moi là-dedans ? Simplement la combler et espérer obtenir un oui. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi les femmes attachent tant d’importance aux noces mais j’avais compris qu’il fallait qu’elle, Alexia, passe le plus beau jour de sa vie lors de son mariage avec moi. Et objectif atteint. Pour la mettre dans le coup j’avais organisé une soirée romantique en plein dans les bois, on était tranquille, autour d’un bon feu et un vin agréable. La soirée était allée lentement et j’étais pas du tout stressé : je suis plutôt le mec plein d’assurance qui n’hésite jamais et qui fonce toujours mais en faisant les choses biens et nickelles. Oui, je suis perfectionniste aussi. Bref objectif atteint. Ca avait été une réussite et dans les jours qui suivirent, vint la cérémonie devant le curé et tout et tout. Au final, j’avais même décidé de l’emmener en lune de miel ici-même. Cet endroit avait tant de signification pour moi… c’était toute mon enfance presque, et maintenant, c’était le lieu où j’avais épousé et comblé d’amour la femme de mes rêves. Happy ending à la Disney ? Ouais, carrément !

Seulement, ce n’était pas le ending de ma vie justement. La vie de couple avec Alexia c’était génial, j’aurais pas pu rêver mieux : on se dispute pour mieux se réconcilier, on se provoque pour mieux se désirer, on se rend jaloux pour mieux se retrouver. Tout va bien dans le meilleur des mondes, du moins c’est ce que je pense moi, après si vous voulez l’avis d’Alexia, allez donc le lui demander à elle mais sans vouloir me vanter je ne pense pas qu’elle puisse me reprocher quoique ce soit. Je ramène de l’argent, je suis le plus présent possible et j’accepte même de partager certaines tâches ménagères avec elle ! Seulement voilà, j’ai remarqué que depuis quelques temps elle prend toujours ses distances avec moi. Elle me refuse nos moments torrides, elle me repousse dès que je la touche, et surtout on est bien moins complices. Elle me cache quelque chose ? C’est certain. Quoi ? Je ne sais pas. Je ne pense pas qu’elle se soit trouver quelqu’un d’autre que moi, un meilleur parti ça n’existe pas de toute façon et puis… elle n’a pas intérêt à me tromper… J’ai peut-être merdé quelque part ? J’en ai aucune idée.

Du coup pour me faire pardonner, (même si je ne sais toujours pas de quoi) je l’emmène au Lagon Bleu. J’ai pris exprès un congé pour le mois à venir et je lui ai demandé de faire de même pour son job. Je suis persuadé que revenir sur le lieu de notre mariage et de notre lune de miel nous permettra de redevenir aussi complices qu’avant ! Et puis, faire de nouvelles rencontres plus riches les unes que les autres, qui sait ?